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A Nantes, un cercueil va parler !


jacques

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Dans des travaux de remblaiement récemment opérés à Nantes, aux abords de la porte Saint-Pierre si chargée d’Histoire, un cercueil mérovingien, au couvercle orné de motifs géométriques caractéristiques des VIIème et VIIIème siècles, vient d’être mis à jour. La chose ne constitue pas en soi un événement car, de tout temps, on a trouvé en ce lieu des stèles ou des sépultures d’époques diverses.

Ce qui a en revanche attiré l’attention de jeunes chercheurs de l’Université de Nantes, c’est la présence de minuscules sillons au fond des striures constituant l’ornementation du couvercle. Ces sillons ont l’aspect d’une sinusoïde irrégulière, légèrement interrompue par endroits, manquant parfois sur quelques centimètres, parfois aussi dédoublée ou épaissie. D’une figure à l’autre, ces sillons ont un dessin différent alors même que l’aspect général des motifs ornementaux (cercles traversés de lignes rayonnantes, croix pattées et striures en chevrons) reste le même.

Ces sillons doivent avoir été produits pas un stylet très fin ; le travail de sculpture s’opérait en effet en deux temps : l’artisan ébauchait au burin la figure tracée sur la pierre, puis il en affinait le tracé et la profondeur avec des outils de plus en plus fins, ces derniers ne nécessitant même plus de massette : une simple pression de la main suffisait tant la pierre utilisée, le tuffeau de Tours, se laissait aisément entailler.

Quelle peut bien être l’origine de ces sillons ? Pour les uns, c’est le grain irrégulier de la pierre qui a produit de petites déviations de la pointe, pour d’autres, c’est un manque de précision ou une exécution trop rapide de la gravure, pour d’autres enfin, ce serait des traces d’érosion produite par des agents chimiques ou bactériologiques.

Mais une autre hypothèse a été formulée par Mr X (nous préférons taire le nom pour le moment), professeur d’Histoire ancienne à l’Université de Nantes : ces sillons auraient été produits par des ondes sonores ! Le stylet se serait en effet comporté comme l’aiguille des anciens phonographes et aurait « enregistré » les bruits de l’atelier, produisant ainsi le premier « microsillon de l’Histoire.

Les bruits… Mais peut-être aussi les voix ! Ces sillons ont peut-être conservé l’image fidèle de bribes de conversations, ou de chansons, que sais-je ?

C’est pourquoi, dans les prochains jours, à partir de l’empreinte de ces sillons, des techniciens vont pouvoir constituer, par pressage, un disque ou un cylindre grâce auquel nous pourrons peut-être « entendre », en continu, l’ensemble de la chaîne sonore gravée depuis mille cinq cents ans !

Des linguistes français et étrangers, arrivés nombreux à Nantes, attendent la résurrection du cercueil avec une fébrilité que l’on conçoit.

Une fébrilité que je partage : pour la première fois, les mots de nos poussiéreux manuels de grammaire historique vont se mettre à vivre ; pour la première fois, des formes supposées vont crier leur présence et faire tomber le désolant astérisque dont on les fait précéder ; pour la première fois, nous allons pouvoir dire : j’entends cette fameuse langue qui n’est plus du latin et qui n’est pas encore du français !

Fasse le Ciel que nous ne soyons pas déçus !

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