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Le subjonctif!


Rose

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Bonjour!

 

Me voici dans le subjonctif jusqu'au cou! lol

Non mais... pas facile! Je ne sais jamais comment les traduire.

 

Peut-être qu'en m'expliquant ce court exemple, j'arriverai à mieux comprendre. Voici:

 

"Ne pericula timueris.", traduit dans mon manuel par: "Ne crains pas les dangers."

 

Pourquoi utilise-t-on un subjonctif, et un subjonctif PARFAIT?

 

Aussi, pourquoi n'utilise-t-on pas un impératif du genre "Noli timere..."?

 

Merci!

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Il s’agit ici d’un ordre négatif, ou défense. Il s’exprime avec la négation ne

 

- aux 1ère et 3ème personnes par le subjonctif présent :

Ne hoc faciamus Ne faisons pas cela.

Ne abeat : qu’il ne parte pas.

 

- à la 2ème personne par le subjonctif parfait ou par noli, nolite + l’infinitif présent :

Ne hoc feceris ou Noli hoc facere : Ne fais pas cela.

Ne abieritis ou nolite abire : ne partez pas.

 

Donc dans Ne pericula timueris, subjonctif parfait puisque c'est la 2ème personne. Et on aurait effectivement put dire Noli timere

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Pour compléter la réponse d'Anne, voici quelques explications que Scaevola exprimerait de façon sans doute plus détaillée :

Le subjonctif exprime tout ce qui n'est pas strictement le fait réel existant à l'instant où on l'énonce.

Pourquoi, ici, le subjonctif parfait ?

Il faut se rappeler que la notion de temps est une notion "moderne". La notion qui prévaut à l'origine est celle de l'"aspect". Le grec connait un "temps" qu'on appelle l'aoriste. Disparu en latin, son "aspect" qui est d'exprimer l'action à l'état pure, sans connotation de temps, est exprimé par le subjonctif parfait (alors que le parfait de l'indicatif a normalement une forte connotation de temps du passé. Cette valeur aoristique du parfait du subjonctif est très fréquente et explique des "concordances des temps" qui peuvent nous sembler curieuses ou aberrantes si nous restons dans notre mentalité moderne.

Une dernière remarque : la grammaire est l'expression d'un usage et non une règle extérieure. C'est parce que, pour des raisons d'histoire de la langue les romains exprimaient habituellement la défense par ne et le subjonctif parfait à la deuxième personne (ou par la périphrase "noli + infinitif) que c'est devenu une "règle de grammaire".

Un exemple en français : Du 17° au XIX° siècle, écrire autre chose que : "Que vouliez vous qu'il fît contre trois ? Qu'il mourût ! (etc) aurait paru une horrible faute. Au XXI° siècle (et même à la fin du XX°...), l'utilisation du présent du subjonctif et la quasi disparition de l'imparfait sont devenus un fait de langue, admis et même encouragé par les grammaires modernes... Et pourtant, comment justifier ici l'emploi du présent pour exprimer des évènements passés ?

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@ Anne: merci bien! Je pouvais bien ne pas comprendre!

 

@ Blackstone: :blink: Un instant, je vais me prendre un bon café et des amphétamines... lol

Je pense saisir... c'est le genre de trucs qu'on ne voit pas dans les manuels :) Mais je vais "ruminer" ça un peu, c'est super intéressant!!

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Bonjour, Rose,

 

Puisque cela vous intéresse, achetez-vous donc l'inusable Syntaxe latine d'Ernout et Thomas, toujours éditée, mais qu'on trouve aussi très facilement d'occasion sur internet à des prix tout à fait raisonnable (autour de 20 euros et même moins).

Mes explications en étaient en partie tirées, et elles le sont aussi du fait que j'ai également pratiqué le grc et l'hébreu biblique. Les langues sémitiques ne connaissent pas le temps pour les verbes, qu'elles expriment essentiellement par des adverbes. La notion de temps est venue d'un aspect particulier de l'action, selon qu'elle est achevée (perfectum, du verbe perficere par-facere = faire d'un bout à l'autre, entièrement) ou non achevée (infectum ou imperfectum)... D'où la distinction, en hébreu entre un accompli et un inaccompli. En revanche, la conjugaison comporte de nombreux aspects : que nous nommerions dans nos catégories réfléchi - actif - passif - intensif - inchoatif etc...

 

Le grec offre encore des traces très explicites de ce système, notamment par l'existence d'une "voix" supplémentaire : en plus de l'actif et du passif, le grec possède le "moyen", souvent bien difficile à rendre en français. Une autre trace est l'existence de l'aoriste, dont nous avons parlé.

En latin, les traces sont plus ténues, mais subsistent notamment au parfait du subjonctif.

 

Mais puisque cela vous passionne (et c'est passionnant !), n'hésitez pas à acheter Ernout et Thomas ! Seul défaut : les exemples ne sont pas traduits. Mais c'est un tout petit inconvénient, et on pourra vous aider en cas de doute. C'est un outil indispensable pour des études supérieures.

Un outil très intéressant pour l'origine des mots est le Vocabulaire latin de Balsan.Contrairement à Ernout et Thomas, il n'est plus édité et se vend à des prix ridiculement élevés. J'ai numérisé mon exemplaire (ça m'a demandé pas mal d'heures...) et il est maintenant en ligne consultable gratuitement sur lexilogos (http://www.archive.org/details/tudeMthodiqueDuVocabulaire ).

Le début de la préface est un régal, surtout si on pense que cela a été écrit en 1941 ! Mais rappelons nous qu'au début du siècle, nos prédécesseurs écrivaient encore couramment le latin en prose et en vers...

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