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POENULUS de Plaute : traduction et notes


jacques

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Ce travail est destiné aux agrégatifs de lettres classiques et de grammaire qui souhaitent disposer d’une traduction proche du texte latin sans être pour autant strictement littérale. Nous avons également rédigé des notes, essentiellement grammaticales, qui pourront s'avérer utiles.

C’est dire qu’elle présente des lourdeurs et des maladresses, mais donner à notre traduction un tour plus « littéraire » aurait nui à notre objectif sans présenter de profit, les traductions de qualité ne manquant pas.

 

Je me suis inspiré essentiellement de deux éditions :

- Celle d’Alfred Ernout, parue aux Belles Lettres (Paris), qui constitue l’édition de référence pour les concours. Élégante et généralement fidèle, elle constitue une base indispensable pour lire et étudier la pièce de Plaute.     

- Celle de Wolfgang de Melo, parue aux éditions Loeb Classical Library (Oxford), très utile également. Il semble que la langue anglaise se prête plus que la nôtre à une traduction à la fois fidèle au texte et élégante, du moins très correcte.

 

On consultera aussi, mais avec prudence, les traductions anciennes disponibles en ligne.

 

L’attention des agrégatifs est attirée sur le fait que d’une édition à l’autre, le texte établi peut varier sensiblement suivant les leçons adoptées par les spécialistes. C’est d’ailleurs pourquoi une édition de référence est précisée. 

 

Les abréviations utilisées dans les notes sont les suivantes :

- Édition « Les Belles Lettres » : E.

- Édition Loeb : dM.

- Dictionnaire Gaffiot, (éd. Hachette) : G. (il s’agit évidemment du « grand Gaffiot »).

- Syntaxe latine d’A. Ernout et de F. Thomas (éd. Klincksieck) : ET.

- Syntaxe latine de M. Bizos (éd. Vuibert) : B.

 

                                                         

                                                                POENULUS de PLAUTE  

 

Prologue

 

Il me plaît d’évoquer (1) l’Achille d’Aristarque ;

C’est de là que je tirerai mon début, de cette tragédie.

Gardez le silence, taisez-vous, et tournez votre attention ;

Il ordonne que vous écoutiez, le général en chef … de l’Histrionie (2),

Et que (3) siègent de bon cœur sur les gradins,   5

ceux qui sont venus affamés et ceux qui sont venus rassasiés.

Vous qui avez mangé, vous avez fait beaucoup plus sagement ;

vous qui n’avez pas mangé, rassasiez-vous de comédies (4).

En effet, celui à qui a été préparé de quoi manger,

c’est une excessive stupidité qu’il vienne s’asseoir (5) par égard pour nous (6) à jeun.   10

Lève-toi, crieur, fais prêter l’oreille au peuple.

J’attends depuis longtemps déjà pour voir si (7) tu connais ton métier.

Exerce ta voix, par laquelle (8) tu vis et t’entretiens (9) ;

car si tu ne cries pas, la faim se glissera en toi quand tu seras sans rien dire.

Allez, à présent, rassieds-toi, afin de remporter double salaire.   15

(lacune d’un vers ?)

Il est bel et bon que vous observiez mes édits. (10)

Qu’aucune (11) putain décrépite ne siège dans l’avant-scène,

qu’aucun licteur ne marmonne de mot, ni ses verges,

qu’aucun ordonnateur ne passe devant une tête

ni ne mène s’asseoir pendant qu’un acteur est sur scène.   20

Ceux qui, de loisir, ont dormi longtemps chez eux, il convient

qu’ils se tiennent (12) à présent avec résignation, ou qu’ils s’abstiennent de trop dormir.

Que les esclaves ne viennent pas s’installer, afin que l’endroit soit pour les hommes libres,

ou qu’ils donnent de l’argent pour leur affranchissement (13). S’ils ne peuvent le faire,

qu’ils s’en aillent chez eux, qu’ils se gardent de la double infortune   25

d’être bigarrés (14) ici par les verges, et à la maison par le fouet,

dans le cas où ils n’auraient pas fait leur service (15) quand les maîtres reviendraient chez eux.

Quant aux enfants, aux tout petits bébés (16), que les nourrices

s’en occupent à la maison et qu’elles ne les amènent pas voir le spectacle,

afin qu’elles n’aient pas soif elles-mêmes, que les enfants ne meurent pas de faim,   30

et qu’affamés, ils ne vagissent pas comme des chevreaux.

Que les dames regardent en silence, qu’elles rient en silence ;

qu’elles s’abstiennent ici de trop émettre de sons de clochettes avec leur douce voix,

qu’elles reportent sur la maison le cours de leur bavardage (17)

afin qu’elles ne soient pas ici comme à la maison source de nuisance pour leurs maris.   35

Et pour ce qui concerne les organisateurs des jeux,

que la palme ne soit donnée à aucun artiste par injustice,

et qu’à la suite d’une brigue ils ne soient pas jetés dehors,

en sorte que les pires passent devant les bons.

Et ceci encore, que j’ai failli oublier (18) :   40

Pendant que les jeux ont lieu, valets de pied,

faites irruption au cabaret ; à présent que c’est l’occasion,

à présent que les tartes au fromage sont brûlantes (19), accourez.

Ce qui est prescrit en vertu de mon pouvoir histrionien,

Il est bel et bon, par Hercule, que chacun s’en souvienne pour son compte.   45

Au sujet, à son tour, je veux à présent

revenir afin que vous soyez instruits autant que moi.

Ses territoires, ses contours, ses limites,

voilà ce que je vais tracer. C’est pour cette tâche que j’ai été institué arpenteur.

Mais, si ce n’est pas importun, je veux vous donner le nom   50

de la comédie ; si au contraire cela déplaît, je le dirai quand même,

si toutefois c’est permis par ceux entre les mains desquels elle est.

Cette comédie s’appelle « le Carthaginois » ;

en latin, Plaute Mange-Bouillie en a fait « l’Oncle ».

Vous avez désormais le nom. A présent, recevez   55

le reste des comptes ; c’est en effet ici que ce sujet sera évalué.

Le sujet a pour place son propre avant-scène ;

vous, vous êtes les assistants assermentés (20) ; je vous en prie, prêtez votre attention.

Il y avait deux cousins germains carthaginois

de la plus haute origine et du plus haut état de fortune.   60

L’un d’eux vit, l’autre est défunt.

Si je vous en parle avec une belle assurance,

c’est que l’embaumeur qui l’a embaumé (21) me l’a dit.

Mais quant à ce vieillard (22) qui est mort, le fils unique

qu’il avait, soustrait à son père,   65

enfant âgé de sept ans, est enlevé de Carthage,

six ans avant que ne meure son père.

Comme il voit que son fils unique est pour lui perdu,

il sombre lui-même dans la maladie par suite du chagrin,

institue comme héritier son cousin germain ;   70

il est parti lui-même pour l’Achéron sans provision de route.

Celui qui a enlevé l’enfant l’emmène à Calydon ;

il le vend ici à un maître, un riche vieillard

désireux d’enfants, haïssant (23) les femmes.

C’est le fils de son hôte (24) que le vieillard, sans le savoir, a acheté   75

en la personne de cet enfant ; il l’adopte pour fils

et en fit son héritier, quand (25) lui-même atteignit le jour de sa mort.

Ce jeune homme habite là, dans cette maison-là. 

Je retourne sur mes pas de nouveau à Carthage.

Si vous voulez me confier une tâche ou que celle-ci soit prise en charge (26),  80

qui n’aura pas donné d’argent, n’aura fait que du vent ;

mais qui en aura donné en aura fait plus encore.

Or l’oncle de celui-ci, le vieux (27) qui est en vie,

le carthaginois, eut deux filles ;

l’une de cinq ans, l’autre d’à peine quatre.   85 

Toutes deux disparurent de Magara avec leur nourrice.

Ceux qui les a enlevées les emmène à Anactorium (28) ;

il les vend toutes ensemble, la nourrice et les petites filles,

argent comptant, à un homme, si un léno (29) est un homme,

de tous les hommes que la terre supporte le plus infâme (30).   90

A présent du reste, faites-vous vous-mêmes une idée

de quel genre d’homme est celui qui a Leloup (31) pour nom (32).

Celui-ci, d’Anactorium où il avait d’abord habité,

est venu s’installer ici, à Calydon, il n’y a pas longtemps,

pour son gagne-pain. Il habite dans cette maison-là.   95

Ce jeune homme se consume de passion pour l’une d’elles,

sa proche parente sans qu’il le sache ; il ne sait qui elle est

et ne l’a jamais touchée, tant le léno le fait languir :

[il n’a rien fait de honteux avec jusqu’à présent,

ne l’a jamais conduite chez lui et l’autre n’a jamais voulu l’y envoyer : ]   100

comme il le voit aimer, il veut prendre l’homme dans son filet.

L’autre, la plus jeune, c’est pour le concubinage

que veut l’acheter un soldat qui se consume pour elle.

Mais leur père, le Carthaginois, après les avoir perdues,

ne cesse de les chercher partout sur terre et sur mer.   105

Lorsqu’ils est entré dans une ville, aussitôt,

Il va trouver toutes les courtisanes, là où chacune habite ;

Il lui donne de l’argent, la prend pour la nuit, puis demande avec insistance

d’où elle est, de quel pays, si elle a été prise à la guerre (33) ou enlevée furtivement,

de quelle famille elle est issue, quels furent ses parents.   110 

C’est ainsi qu’avec intelligence et adresse il recherche ses filles.

De plus, il sait toutes les langues (34) ; mais, sciemment, il cache

qu’il les sait. C’est tout à fait un Carthaginois, qu’est-il besoin de paroles ?

Il est venu ici, dans le port, hier soir par navire.

C’est le père de ces jeunes filles-ci en même temps que l’oncle de ce jeune homme-là.   115

Vous tenez bon désormais ? Si vous tenez bon, tirez ;

gardez-vous de rompre, je vous en prie, laissez la chose se dérouler jusqu’au bout (35).

Ah ! J’ai presque oublié de dire la suite.

Celui qui a adopté celui-ci comme son fils,

fut l’hôte de son oncle carthaginois (36).   120

Il va venir ici aujourd’hui et retrouvera ici ses filles

ainsi que ce dernier, fils de son cousin germain, comme du moins je l’ai appris.

Quant à moi, je vais y aller et me costumer ; vous, découvrez les choses avec bienveillance.

[Celui qui va venir aujourd’hui retrouvera ses filles

et ce jeune homme, fils de son cousin germain. Ensuite, pour le reste,   125

portez-vous bien ; assistez-nous. Je vais y aller ; je veux maintenant devenir autre.]    

Pour ce qui reste, il en reste d’autres pour le rendre clair.

Portez-vous bien et secondez-nous, afin que le Salut vous préserve.

 

    

Notes :

      

(1) dM. comprend rehearse.

(2) Nous conservons le jeu de mots signalé par E.

(3) Le verbe jubere est suivi d’abord d’une proposition infinitive, ensuite d’une PSC par ut. Cette double construction (G. article ut II, c) ne peut être restituée en français. Soit l’on répète le verbe (par un synonyme, chez E.), soit l’on unifie les constructions, comme ici. L’anglais a sa propre solution, non transposable.

(4) dM. voit dans fābŭlis un jeu de mots avec făbŭlis (petites fèves).

(5) sessum est évidemment le supin de sedere.

(6) Il semble difficile de conserver la place de ce groupe dans la traduction.

(7) La conjonction si n’introduit pas d’interrogative indirecte à proprement parler avant la période impériale ; si conserve ici un sens éventuel équivalant à « au cas où », mais sa future valeur complétive n’est malgré tout pas très éloignée (cf. ET. pp. 387-388).

(8) Postposition de la préposition per (G. fin de l’article).

(9) Le complément sous-entendu de colis est sans doute vitam, à tirer de vivis. WdM traduit have a reputation.

(10) dM dit de bonum factum (est) que c’est une formula used by praetor.

(11) nequis : syllepse (ET. pp. 138-139).

(12) Il semble malheureux de traduire stare par « rester debout » puisque les spectateurs sont assis !

(13) caput a ici le sens juridique de « personnalité civile » (cf. G. art. caput, 4).

(14) La conjonction ne développe le nom infortunio, et son choix est commandé par l’idée de précaution exprimée par le verbe vitare, dont c’est du reste la construction ordinaire.

(15) curassint : forme seconde de subj. parfait ;  ce temps met l’accent sur l’antériorité du procès de la subordonnée par rapport à celui de la principale (B. p. 118).

(16) infantis = infantes (ici adj.).

(17) Mot à mot : « leurs entretiens de parole ». 

(18) La forme de parfait passif surcomposé est utilisé parce que l’oubli ne persiste évidemment plus au moment de l’énonciation.

(19) Mets populaire dont Caton nous a transmis la recette (dM).

(20) Le sujet est comme soumis à une expertise juridique.

(21) Le plus-que-parfait se justifie par le fait que le procès de la relative se situe avant le procès de la principale, lui-même au parfait. Il est difficile de conserver ce temps dans la traduction. 

(22) Mot à mot : « Mais à ce vieillard qui est mort, le fils unique qui était à lui, soustrait à son père… » : construction très libre, qu’on ne peut respecter en français sans faire d’anacoluthe.

(23) osor est bien sûr un nom.

(24) Voir aux v. 119-120.

(25) quom = cum.

(26) curarier = curari.

(27) Dans le langage parlé, l’apposition ne se met pas nécessairement au cas du nom complété (cf. ET. p. 13) ; c’est par contre le cas de carthaginiensi. 

(28) En Étolie.

(29) Le léno, pourvoyeur d’esclaves et de prostituées, est un personnage type de la comédie.

(30) Mot à mot : « le plus infâme de combien d’hommes la terre supporte ».

(31) lycos signifie « loup » en grec.

(32) L’interrogative indirecte quid id sit hominis… est apposée au nom conjecturam, qu’elle développe. Le subjonctif siet (sit) est le fait de l’attraction modale.

quid id sit hominis signifie mot à mot : quel est ce genre d’homme (qui)… 

(33) Le verbe capere a fréquemment ce sens à lui seul : cf. G.

(34) omnis = omnes.

(35) dM. explique ainsi la métaphore : « Reference to a dance in which the participants hold a rope ».

(36) illi Poeno patruo : dat. de possession.

 

 

 

 

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(Acte I)

 

(Scène 1)

 

 Agorastoclès (A.) – Milphion (M.)

 

A. Je t’ai souvent confié de nombreuses affaires, Milphio,

incertaines, peu lucratives, dépourvues de méthode,   130

qu’avec science, habileté, intelligence et finesse

tu m’as rendues florissantes grâce à ta peine.

Pour ces bienfaits, j’avoue que te sont dues

la liberté ainsi que maintes gracieuses grâces (1).

 

M. C’est joli, un vieux dicton, s’il vient à point.   135

Car tes cajoleries sont pour moi, ce qu’on a coutume de dire,

de vraies balivernes, des chansons pures et simples (2).

A présent, tu as des paroles caressantes pour moi ; hier, sur mon dos,

tu as bien (3) usé trois cuirs de bœufs.     

 

A. Si, amant, j’ai commis quelque chose du fait de l’amour, Milphion,  140

il est juste que tu me le pardonnes.

 

M.                                                         Je n’ai pas vu plus gros (4).

Moi aussi, en ce moment, je meurs d’amour ; permets que je te batte,

tout comme tu l’as fait pour moi, pour nullu faute ;

à partir de là (5), pardonne-moi en tant qu’amant.

 

A. Si c’est ton désir ou ton plaisir (6), je le permets.   145

Suspends, enchaîne, frappe ; je suis garant, je le permets.

 

M. Si par la suite tu avais abandonné (7) ton autorisation,

une fois que tu serais détaché, moi, je serais pendu.

 

A. Est-ce que j’oserais (8) faire ce que tu dis, surtout à toi ?

Au contraire : si je te vois frappé, aussitôt c’est une souffrance…   150

 

M. Oui, pour moi, par Hercule !

 

A.                                                   Plutôt pour moi.

 

M.                                                                               Je préférerais ce que tu dis.

Mais que veux-tu donc (9) à présent ?

 

A.                                                              Pourquoi te mentirais-je, à toi ?

J’aime au-delà de la raison.

 

M.                                          Mes épaules le sentent !

 

A. Et je parle de cette voisine, mon Adelphasie,

la courtisane de ce léno, un peu plus âgée que l’autre.   155

 

M. J’ai depuis longtemps pour ma part entendu cela de toi.

 

A.                                                                                                   Je suis tourmenté

par le désir d’elle ; mais pas plus que ce Leloup,

son maître, la fange n’est fangeuse.

 

M. Veux-tu (10) maintenant lui faire un mauvais don ?

 

A.                                                                                                      Je le désire.

 

M.                                                                                                                               Eh bien donne-moi ;

 

A. Va te faire pendre.

 

M.                                     Dis-moi vraiment et sérieusement :   160

veux-tu lui donner une calamité ?

 

A.                                                             Je le désire.

 

M.                                                                                    Eh bien donne-moi, oui, moi (11) ;

Il aura les deux, je te le jure : le mauvais don et la calamité (12).

 

A. Tu plaisantes.

 

M.                        Veux-tu aujourd’hui, sans frais

de ta part, faire d’elle ton affranchie ?

 

A.                                                                        Je le désire, Milphion !

 

M. Je te le ferai faire. Tu as à l’intérieur   165

trois cents philippes d’or ?

 

A.                                           Six cents, même.

 

M. C’est assez de trois cents.

 

A.                                               Qu’as-tu l’intention d’en faire ?

 

M.                                                                                                                    Tais-toi ;

C’est le léno tout entier avec sa maison tout entière

dont je te ferai don ce jour.

 

A.                                                   Comment (13) vas-tu faire ? 

 

M.                                                                                                             Tu vas le savoir à l’instant.

Collybiscus, ton fermier, est actuellement en ville ;   170

le léno, ici, ne le connaît pas. Cela suffit-il pour que tu comprennes ?

 

A. Je comprends, par Hercule, mais je ne sais à quoi tu aboutis.                                      

 

M. Tu ne sais pas ?

 

A.                                 Non, par Hercule.

 

M.                                                                    Eh bien, tu vas le savoir, je te l’assure.

On lui donnera l’or afin qu’il le porte au léno,

et qu’il dise qu’il est un étranger, venu d’une autre ville :   175

il veut aimer et donner liberté à ses désirs ;      

il veut (14) qu’un endroit libre lui soit fourni

où il fasse la noce en secret, afin que personne ne soit témoin.

Le léno, avide d’or, l’accueillera aussitôt auprès de lui,

il cachera l’homme et l’or.

 

A.                                                 Le plan me plaît.   180

 

M. Demande alors si ton esclave est venu chez lui.

Il pensera que c’est moi qui suis recherché ; aussitôt

il te dira non. Comment douterais-tu qu’aussitôt

le léno ne soit le voleur des deux qui t’appartiennent : l’or et l’homme ?

et il ne possède pas de quoi s’acquitter. Quand il se sera présenté en justice,   185

le préteur t’adjugera toute sa maison.

C’est ainsi que nous prendrons dans la trappe le léno Leloup.

 

A. Il me plaît, ce plan.

 

M.                                     Non point : quand je l’aurai poli,

c’est plutôt alors que tu diras cela ; à présent, il est encore brut.

 

A. Moi, je vais au temple de Vénus, à moins que tu ne veuilles quelque chose, Milphio.   190  

C’est aujourd’hui les Aphrodisies.

 

M.                                                              Je sais.

 

A.                                                                               Je veux délecter

mes yeux des élégances des courtisanes.

 

M. Occupons-nous d’abord de ce plan que nous avons formé ;

retirons-nous à l’intérieur, afin d’apprendre au fermier Collybiscus

comment mettre en œuvre cette fourberie.   195

 

A. Bien que Cupidon s’agite dans mon cœur, cependant

Je t’obéirai.

 

M.                 Je ferai en sorte que tu te réjouisses de l’action.

La tache de l’amour est dans le cœur de cet homme,

ce n’est absolument pas sans grand dommage qu’elle peut être dissoute.

C’est pourquoi c’est un homme scélérat que ce léno Leloup ;   200

contre lui, le trait de l’infortune est fort bien dirigé,

que dans pas très longtemps je vais lui envoyer de mon arsenal.

Mais voici (15)  Adelphasie qui sort, ainsi qu’Antérastile.

C’est la première des deux qui rend fou mon maître.

Mais je vais l’appeler. Holà ! sors, Agorastoclès,   205

si tu veux voir les jeux les plus agréables.

 

A. Que me fais-tu là (16) comme tapage (17), Milphion ?

 

M.                                                                              Voici tes amours,  

si tu veux les regarder.

 

A.                                           Oh ! que les dieux te donnent de nombreux biens,

Pour (18) m’avoir offert un si joli spectacle.

 

                           

 

(1) Jeu de mots montrant l’absence de sincérité du jeune homme, dont M. ne sera pas dupe.

(2) dM. traduit : « pure poppycock, but loaves are the real lyres » et commente : « empty words mean nothing, while presents mean true praise. »

(3) Je reprends la traduction d’E. : facile est en effet pris dans son sens évaluatif (cf. G.).

(4) Je suis l’interprétation de dM. qui traduit : A likely story!

(5) Voir G. à la fin de l’art. locus.

(6) Association d’un nominatif et d’un datif final ; cf. E. p. 77.

(7) Dans l’expression du potentiel, le parfait du subjonctif marque l’antériorité.

(8) ausim : forme archaïque  de subj. présent.

(9) mihi est un datif éthique fréquemment associé à volo dans le langage parlé (cf. ET. p. 72).

(10) vin = visne.

(11) La traduction de dM. give him the same me montre que l’anglais se prête mieux que le français à la traduction littérale.  

(12) Bien tirer parti de E., p. 178 note 1.

(13) qui est bien sûr un adverbe.

(14) La ponctuation retenue par E. nous invite à introduire ici le discours indirect libre.

(15) Lire l’apparat critique d’E. et la fin de l’article ecce de G.  

(16) Toujours s’efforcer de traduire les adverbes ou les démonstratifs de seconde personne.

(17) quid est ici suivi du génitif partitif, dont la valeur originelle apparaît bien ce type d’expressions figées ; cf. ET. p.49.

(18) quom (= cum) possède ici une valeur causale latente ; v. G. B I-2).  

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