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BLACKSTONE

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Messages posté(e)s par BLACKSTONE

  1. Bonsoir. Je reprends le flambeau...

    Dici est un infinitif présent passif. Littéralement, on peut construire : neque id dici licere

    et id dici = et "cela être dit" (sujet réel de licere) n'est pas permis.

    Gaffiot préfère fairede "id dici" le COD de licere : il n'est pas permis que cela soit dit. Cette construction (ici, chez Aulu-Gelle) est attestée chez Cicéron.

    Pour la suite :

    dixit = il (l'enfant) dit

    actum (esse) = qu'il a été traité, qu'on a traité (passif impersonnel)

    en français, on ne peut construire directement. Je traduis donc (lourdement mais correctement) de la question de savoir

    utrum = laquelle des deux choses

    videretur =paraissait

    utilius = la plus utile. Utilius est bien un comparatif, mais le latin utilise le comparatif lorsqu'il s'agit de comparer deux choses (vieille survivance du "duel" : en grec comme en ancien latin, il y a trois "nombres" : le singulier, le "duel" et le pluriel).

    unusne ut duas uxores haberet = il y a "prolepse" de unusne. Construire en commençant par "ut" qu'un seul (homme) ait deux épouses

    an ut una apud duos nupta esset" = ou (deuxième terme de l'alternative : an... an...) qu'une seule femme soit mariée à deux hommes.

    Bonne nuit !

  2. Juste encore un petit mot en ce dernier jour de l'année : ça fait vraiment plaisir de voir qu'il y a toujours des professeurs passionnés et passionnants pour enseigner le latin...

    Moi aussi, il y a bien longtemps, ce sont des professeurs qui m'ont rendu "accro" à cette langue même si ensuite je suis devenu professeur... de musique ! Mais j'ai fait quand même une licence de lettres classiques et n'ai jamais cessé de pratiquer...

     

    Bonne année à toi et j'espère à bientôt pour de nouvelles aventures latines !

  3. Et voilà ! C'était : attention au mode, qu'il fallait écrire ! J'ai écrit trop vite... après qu'ils ont occupé...

    Cette tournure un peu délicate sera remplacée avantageusement par : après avoir...

    Je réécris la phrase intégralement :

    Mais les Romains, après avoir occupé par la force l'Italie tout entière, et une fois la Ville de Rome (devenue) capitale de l'Italie, ne demeurèrent pas longtemps en paix, et les mères ne cessèrent pas de craindre pour la vie de leurs enfants.

    C'est plus élégant et donc plus "français" sans rien changer au texte.

    Merci pour ce travail ! J'étais un peu rouillé, mais je sens que ça revient !

    Tu remarqueras que la tournure "après avoir" ne fonctionnait que si le sujet était le même pour la principale et la subordonnée, ce qui n'était pas le cas pour le second membre de phrase. La tournure par "une fois" qui est bien l'équivalent d'"après que". "devenue" rend la phrase plus claire et n'est pas indispensable mais n'est pas un ajout : il est bien contenu dans le postquam.

    Tu remarqueras aussi que c'est là que le travail devient passionnant : il s'agit de sortir du "français de version latine" pour bâtir une phrase qui soit du vrai français mais sans rien ajouter ni retirer au sens du latin... C'est le plus difficile.

  4. Je rajouterai simplement que Le Grand Larousse et le Grand Robert adoptent la même position sans tolérer d'exception, même si le grand Larousse signale que le subjonctif s'introduit parfois y compris chez un écrivain comme François Mauriac... Mais il ajoute qu'en langage soutenu, il ne peut y avoir d'exception.

    Merci de m'avoir fait faire ces recherches qui font toujours du bien !

  5. Eh ! oui, contrairement à un usage fautif mais de plus en plus répandu.

    Voici un commentaire à ce propos trouvé sur internet :

     

    « C’est à notre époque seulement que l’emploi du subjonctif est devenu en assez peu de temps une habitude dans la presse, à la radio, dans l’usage courant et même chez les écrivains. [...] C’est à partir des formes du passé que s’est faite la substitution du subjonctif à tous les temps, à cause de l’analogie avec avant que et sans doute de la possibilité de construire après comme avant de avec un infinitif passé. Mais cela s’est fait au mépris de l’opposition fondamentale entre les deux conjonctions et entre les deux modes ».

    Il est d’ailleurs un bon moyen de se le rappeler. Dans l’Âme des poètes, Charles Trénet a bien écrit :Longtemps, longtemps, longtemps après que les poètes ont disparu, leurs chansons courent encore dans les rues.... La plupart des auteurs d’ouvrages normatifs rappellent la règle (Girodet, Thomas et même Colin — qui note cependant la tendance à l’emploi du subjonctif, exemples à l’appui)

    L'exemple tiré de l'âme des poètes me semble tout à fait pertinent. Bescherelle le précise d'ailleurs : Avant que + subjonctif, Après que + indicatif. Je ne suis pas sûr de ne m'être pas déjà laissé prendre, mais en version latine, je fais très attention !

  6. Tout cela n'est pas mal du tout ! Voici quelques corrections et la construction de la dernière phrase.

    Pendant longtemps, les jeunes gens (mais "les jeunes hommes" est correct aussi) qui ont combattu contre des ennemis voisins (proches) avaient défendu (defenderant et pas defan...) non seulement biens et territoires mais aussi épouses et parents, frères, sœurs, vieillards et enfants. Puis le désir (un peu faible, mais difficile à rendre : "désir effréné" ?) du butin avait conduit généraux et légions dans la Grande Grèce. Mais les Romains, après qu'ils aient occupé (attention au temps) par la force l'Italie tout entière, et que (dépend également de "postquam" : petite erreur de construction) la Ville de Rome a été la capitale de l'Italie, ne demeurèrent (ne pas remettre "ils" : le sujet, bien que lointain, est toujours Romani, déjà exprimé) pas longtemps en paix, et les mères ne cessèrent pas de craindre pour la vie de leurs enfants.(attention : gros contresens sur "liberi - orum = les enfants. Mot courant à apprendre par coeur). Car les Romains ont désiré sans fin vaincre les rois (les rois des pays étrangers : "reges" = pluriel de rex- regis) et accroitre les limites (les frontières) de l'empire.

    De leur côté, (vero) les Carthaginois construisaient des navires et les envoyaient en Méditerranée occuper (pour n'est pas indispensable : le français construit directement comme ici le latin : exemple rare de supin utilisé directement après un verbe) l'ensemble des îles. C'est pourquoi l'île de Sicile, (posita = participe passé adjectivé de "pono". Littéralement : ayant été placée = placée, située) située entre entre l'Italie et l'Afrique fut une cause de guerre.

     

    Au vu de ce que tu as déjà fait, je t'ai traduit cette dernière phrase : une fois résolu le problème de "posita", elle ne comporte aucune difficulté.

     

    Si tu veux d'autres explications, n'hésite pas. C'est tellement agréable d'avoir une demande pour du latin... C'est tellement rare depuis les dernières réformes !

    Bon courage !

  7. Attention : jurari n'est pas jurare.

    Voilà qu'Abraham voulut qu'il lui soit fait serment par le créateur et non par une créature, lui à qui le Seigneur avait fait serment par lui-même: il connut qu'il devait lui être fait serment par Dieu lui-même. Duquel serment Zacharie dit : " Le serment qu'il a juré à Abraham, notre père, il nous l'accordera".

    Fait un peu vite... Que Raoul me corrige !

  8. Eh ! oui... C'est toute la différence de finesse entre les latins et les grecs. Après cela, on s'étonnera que les églises grecque et latine se soient brouillées... Les occidentaux trouvaient que ces grecs étaient des coupeurs de cheveux en quatre et les orientaux trouvaient que ces latins qui ne savaient même plus le grec étaient vraiment des barbares... Pour "presbuteros", il est excusable. Ce n'est qu'au deuxième siècle que ces distinctions "prêtres" "évêques" prennent leur sens moderne.

  9. Eh ! oui... C'est toute la différence de finesse entre les latins et les grecs. Après cela, on s'étonnera que les églises grecques et latines se soient brouillées... Les occidentaux trouvaient que ces grecs étaient des coupeurs de cheveux en quatre et les orientaux trouvaient que ces latins qui ne savaient même plus le grec étaient vraiment des barbares...

    Pour "presbuteros", il est excusable. Ce n'est qu'au deuxième siècle que ces distinctions "prêtres" "évêques" prennent leur sens moderne.

  10. Ah ! bon, il y a des gens qui ne lisent pas le latin ?

    Trêve de plaisanterie, la note explicative me parait la seule solution. Ceci dit, l'argument est évidemment spécieux mais montre aussi l'importance attribuée à la Vulgate à cette époque : le texte latin est considéré comme quasiment inspiré au même titre que le texte grec... Le phénomène est à peu près le même que l'importance attribuée au texte de la Septante (grec) en regard du texte hébraïque chez les juifs et chez les premiers chrétiens. D'où, d'ailleurs, la légende des soixante dix traducteurs indépendants qui arrivent tous au même texte !

  11. Nota, hoc dictum est, « a malo est; » non dixit, malum est, sed a malo est, id est ab incredulitate.

    La traduction exacte est plutôt : Remarque qu'il est dit : "cela vient du mal (ou du Malin), il ne dit pas "est mauvais" mais "vient du Mal", c'est à dire "vient de l'incrédulité".

    Du moins me semble-t-il... Impossible à traduire en français sans note explicative car le latin emploie un seul mot pour désigner à la fois le "produit" du Malin et le "malin" lui-même...

  12. Vous avez bien du mal à distinguer s'il s'agit du mauvais, du mal ou du Malin tout simplement parce que ces distinctions n'existent pas dans la mentalité évangélique. Les traducteurs du Notre Père, après bien des discussions, ont finalement adopté pour "et libera nos a malo" la traduction "mais délivre nous du mal" ; mais la traduction "délivre-nous du Malin" était en concurrence... et si on a adopté "mal" c'est parce qu'en français il suffit de mettre un "M" majuscule pour que le diable apparaisse... Et chacun reste libre de penser que le "mal" est aussi le "Malin".

  13. Précisément, j'aurais tendance à comprendre cette phrase comme relevant des "veteres" c'est à dire des anciens au sens de ceux qui ont vécu avant le christ. La référence au deuxième livre des Macchabées le donne à penser... (II Mac 12, 43-45.) Ce qui ne simplifie pas la traduction !

  14. Bonjour Raoul,

    Je suis un peu dubitatif sur le "purgatoire" : il s'agit des "enfers" ou des "limbes des patriarches" dont il est question dans le symbole des apôtres : "est descendu aux enfers...". Le terme de purgatoire n’apparaît pas avant le XII° siècle et les définitions ne sont formulées qu'au concile de Trente en lien, il faut bien le dire, avec la controverse sur les prières pour les défunts... et les offrandes faites à ce propos.

    Mais peut-être suis-je trop perfectionniste ?

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